Oksana Melnik -
Ou comment la DGSE et la DGSI se sont retrouvées à devoir traquer quelqu'un qui n'existait pas encore.
Contexte
Le , a priori, rien de notable ne s'est
passé en France. A priori, vous
n'avez jamais entendu parler de Oksana Melnik et, a priori,
vous n'en entendrez jamais parler ailleurs que dans les cercles confirmés de chasseurs d'étrange
et sur d'obscurs forums perdus sur le net.
Son nom ne renvoie à rien de pertinent sur Google : un profil LinkedIn sur une personne
travaillant pour Toyota en Russie, un compte instagram, un profil Pinterest...
Rien dans les journaux ou à la télévision. Pourtant, Oksana Melnik s'est trouvée, durant deux
ans, au cours d'une enquête dans laquelle la DGSI et la DGSE ont collaboré de très près,
épaulées par Interpole après un an d'enquête et dont plusieurs membres ont connu un sort peu
enviable.
Le , donc, rien de notable ne se passe en France, sauf pour le
commissaire Francis Lefebvre, qui revient de vacances et se met à dépiler ses e-mails.
Comme à l'accoutumée, le commaissaire Lefebvre est méticuleux et prend son temps pour trier et
classer son courrier :
rien ne vient le perturber, jusqu'à tomber sur un e-mail dont voici le contenu :
[URGENT][OKSANA MELNIK]Au début, le commissaire Lefebvre croit à une mauvaise plaisanterie - et charge donc un de ses officiers de tracer et trouver l'auteur ou l'autrice de ce canular.
OKSANA MELNIK ARRIVE
NE RESTEZ JAMAIS EN PLACE
NE LA FIXEZ PAS
SI VOUS FUYEZ, NE VOUS RETOURNEZ PAS
NE CROISEZ JAMAIS SON REGARD
NE LUI REPONDEZ PAS
C'est cinq minutes plus tard que l'événement principal se produit, et concernant lequel nous avons pu nous procurer la retranscription de la déposition du commissaire Lefebvre interrogé plus tard par la DGSI.
La déposition
LEFEBVRE : [...] après avoir transféré l'email, ma radio a commencé à se mettre en marche - comme si quelqu'un initiait une communication, avec un très léger grésillement.La retranscription s'arrête ici. Une source proche du dossier raconte que le commissaire Lefebvre, en plein milieu de la déposition, fut soudainement pris de spasmes et se mit à hurler dans une langue gutturale et creuse, crachant de part et d'autre avant de s'effondrer comme une masse.
En l'éteignant, le grésillement ne s'est pas arrêté. Un léger son a alors commencé à en sortir - tellement léger que je ne pouvais pas entendre ce que c'était sans y coller mon oreille.
J : et ce son, qu'est-ce que c'était ?
L : une voix. Une vois très faible, murmurée et pourtant saturée.
J : saturée ?
L : comme si la personne parlait très proche du micro.
J : il y avait donc quelqu'un qui vous parlait ?
L : oui. Mais je ne comprenait pas ce qu'elle disait. À part un mot.
J : quel mot ?
L : un nom, plutôt : "Armand Loiselier".
J : et ensuite ?
L : ensuite plus rien. Littéralement. Le commissariat vide. Les murs soudain vétustes et décrépis. Les affiches jaunies. Et puis, dans le hall d'entrée, cette femme.
J : l'avez-vous regardée ?
L : oui.
J : lui avez-vous parlé ?
L : oui.
J : pourtant, vous aviez été prévenu de ne pas lui adres-